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La vision d'un europhile
14 décembre 2011

L'isolement du Royaume-Uni après le refus catégorique de David Cameron

David-Cameron_1801517cJe ne vais pas revenir sur les décisions prises lors du dernier Conseil Européen à Bruxelles. Celles-ci ne sont que le prolongement de l’accord Sarkozy-Merkel. Ce qui est une surprise, au contraire, c’est bien le refus catégorique de David Cameron de signer un nouveau traité européen.

Cela n’étonnera personne de savoir que le Royaume-Uni n’a jamais été le pays le plus europhile de l’Union Européenne. Ce qui est plus étonnant c’est de voir ce pays opposé un « véto » catégorique à l’encontre des 26 autres Etats-membres. Sous couvert de vouloir protéger les intérêts britanniques, David Cameron a donc décider de quitter la table des négociations. Comme l’a rappelé Ed Miliband, leader de l’opposition au Parlement, certains pays européens ont décidé de poursuivre les négociations en vue de l'adoption d'un nouveau traité tout en souhaitant défendre leurs intérêts nationaux.

David Cameron, diplômé en économie, en philosophie et en politique n’a jamais dû suivre un seul cours d’histoire de sa vie. Les négociations pour un nouveau traité prennent du temps et s’il avait réellement souhaité « défendre les intérêts britanniques », il aurait dû accepter cette évolution textuelle et défendre sa position en trouvant des alliés en Europe. De plus, contrairement à ce que l’on peut lire dans la presse, le Royaume-Uni n’a pas opposé de véto. Juridiquement, ce dernier permet de bloquer toute prise de décision, or les 26 autres Etats-membres ont décidé de poursuivre leurs discussions sur la base d’un texte intergouvernemental.

Au lieu d’avoir défendu des intérêts britanniques qui seraient « menacés », David Cameron a réussi à isoler davantage le Royaume-Uni dans l’Union Européenne. Il annonçait dans son discours de défense à Westminster que les européens allaient maintenant régler leurs problèmes entre eux. Il est parfois ahurissant de voir des gens diplômés d’économie ne pas appliquer ce qu’ils ont étudié. Le Royaume-Uni effectue 50% de ses échanges commerciaux avec le reste de l’Union Européenne et le sort du Royaume-Uni sera lié au destin des autres Etats-membres même s’il n’a pas adopté l’euro. Il en est de même en ce qui concerne la possibilité d’une taxe sur les transactions financières ou d’une harmonisation fiscale. Si les 26 autres Etats-membres acceptent ces propositions, le Royaume-Uni sera lui aussi concerné du fait de la dérégulation des marchés financiers. Les taxes prélevées le seront à l’intérieur de l’Union Européenne et tous les capitaux échangés à Londres concernant celle-ci le seront aussi.

Monsieur Cameron parle des « problèmes de la zone euro » mais il faut parfois savoir balayer devant sa porte. Le taux de chômage au Royaume-Uni vient d’atteindre un nouveau record depuis dix-sept ans puisque le nombre de chômeurs s’élevait, à la fin octobre, à 2,64 millions. Comment est-il possible d’imaginer dans une économie globalisée que le sort de ses partenaires commerciaux n’influerait pas sur sa propre économie ?

La question suivante se pose alors : Pourquoi Monsieur Cameron a-t-il décidé de bloquer toute réussite de négociations à 27 ?

Tout d’abord le tenancier du 10 Downing Street fait actuellement l’objet de fortes pressions de son parti pour se retirer de l’Union (tentative d’un referendum).  Ce courant souverainiste est devenu de plus en plus fort et il est actuellement en majorité au sein du parti conservateur. David Cameron a donc décidé, par cet acte, de sauver sa propre position en tant que chef de parti. S'il ne l’avait pas fait, il aurait risquer sa propre fonction. Même s'il n'a pas une majorité au Parlement, ses alliés libéraux sont très faibles et ils ne peuvent pas briser la coalition car il est certain que cela renforcerait les conservateurs lors des prochaines élections en 2015. Ce qui est encore plus étonnant, c’est de voir que 49% des gens qui ont voté Lib-Dem (pro-européens) lors des dernières élections soutiennent l’attitude du Premier Ministre.

Toutefois, David Cameron déclare vouloir rester dans l’Union Européenne car il sait qu’une sortie de l’Union serait une catastrophe économique pour son pays et donc une tâche sur son bilan pour les prochaines élections.  En s’imposant ainsi le Premier Ministre Britannique prend les rênes des souverainistes en Europe tout en redorant son blason au Royaume-Uni qui subit une cure d’austérité très sévère. Arrivera-t-il cependant à faire plier ses partenaires européens sur cette question alors que le Royaume-Uni fait déjà l’objet de nombreuses clauses d’exemption (euro, Schengen, Charte des droits fondamentaux)? Rien n’est moins sûr. 

Le poids des transactions financières (34% de la valeur ajoutée selon l’OCDE), mais surtout de la City, dans l’économie britannique explique également cette position aussi tranchée. Toute harmonisation fiscale ou contrôle sur ces services risqueraient, selon lui, d’affecter la santé économique du pays.

L’isolement britannique ne se résumera pas à une petite brouille avec son ami Sarkozy. Des députés européens aussi bien du PPE que de l’ADLE ont promis des sanctions. Ainsi, Joseph Daul, président du Parti Populaire Européen a déclaré que “le chèque britannique doit être remis en cause” du fait que “les deniers européens doivent servir à autre chose qu’à récompenser des attitudes nationalistes et égoïstes. La solidarité n’est pas une rue à sens unique. Il est temps de faire comprendre cela à la coalition gouvernementale dirigéé par David Cameron”. Pour le rappel, le Royaume-Uni a obtenu en 1984 avec Margaret Thatcher un rabais sur sa contribution au budget de l’Union Européenne et qui est principalement compensé par la France et l’Italie. Guy Verhofstadt, président du groupe de l’Alliance des Démocrates et des Libéraux européens, poursuit que lorsque “vous êtes invités à une table, ça peut être comme invité ou sinon, c’est que vous faites partie du menu”.

 C’est une longue bataille qui commence mais ce qui est sûr c’est qu’il y a de grandes chances que le Royaume-Uni n’en sorte pas vainqueur. 

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